Christie était sans l’ombre d’un doute le genre de gamine que l’on pouvait qualifier sans scrupules de « fille facile ». Elle était suffisamment jolie pourtant, assez pour ne pas avoir à se donner sans hésitation, assez pour faire en sorte qu’on lui court après, mais cela ne semblait pas l’intéresser et dans le cas présent, ça arrangeait Wyatt. Lui n’était pas forcément un enfant de cœur, pas un goujat non plus mais sa lâcheté notoire était suffisante pour qu’il choisisse le plus souvent la solution la moins engageante, celle qui demanderait le moins d’effort. Et à cet instant précis, sous ses doigts, sous sa bouche, assise à califourchon sur lui sur le canapé abimé qui trônait dans l’appartement un peu miteux, alors qu’elle enserrait son bassin avec ses cuisses et réclamait toute son attention dans des baisers fiévreux, il n’avait pas besoin de réfléchir pour savoir qu’il n’était pas le genre de type à lui demander d’attendre un peu, de prendre son temps. Elle lui avait sauté dessus, parfait… Lui l’avait ramené chez elle et ne se souciait pas du reste. Il aurait peut-être dû, mais sa concentration était pour le moins accaparée par les assauts experts de la jeune femme. C’était pour ça aussi qu’il s’en foutait bien : elle savait ce qu’elle faisait, elle était clairement venue le trouver, ça ne comptait pas… du moins c’était ce qu’il se répétait à mesure que ses doigts progressaient sur elle, ayant déjà entrainé le t-shirt sombre qu’elle portait, le jetant sur le sol un peu plus loin, et s’attaquant à présent à sa peau.

Il se redressa un peu et elle suivit le mouvement, cessant pendant une seconde de l’embrasser, laps de temps minime mais assez conséquent pour qu’il puisse croiser son regard. Elle s’amusait, elle était sérieuse mais quelque chose dans ses yeux indiquait de la légèreté, de l’insouciance. Elle était probablement défoncée, une junkie de plus… Il ne se souvenait pas vraiment lui avoir vendu quoi que ce soit mais après tout, il n’y avait pas qu’un dealer en ville. En y songeant, c’était peut-être même pour ça qu’elle était là, avec lui… Elle avait entendu qu’il vendait de la cam et comme elle n’avait surement pas d’argent –à l’instar de la majorité de la population restante- elle avait décidé de payer autrement. Si c’était le cas, elle allait tomber de haut, il ne lui filerait rien… Il perdit le fil de ses pensées lorsqu’elle lui fit lever les bras, retirant son t-shirt et s’abattant ensuite sur lui, épée de Damoclès. Les assauts étaient précis, efficaces et bientôt, un fin sourire alla se peindre sur les lèvres du jeune homme alors qu’il laissait filer un soupir de contentement. La petite blonde qu’était Christie n’était pas forcément le genre de fille qu’il appréciait réellement mais elle n’était pas déplaisante à regarder et il n’allait pas faire le difficile. Son absence de caractère, elle le compensait autrement, glissant à présent sur son torse et s’aventurant plus bas sur lui.

Se laissant momentanément faire, il bascula la tête en arrière, profitant de l’instant, des sursauts qu’elle provoquait chez lui. C’était physique, purement physique, mais c’était également suffisant pour qu’il oublie la merde dans laquelle ils vivaient tous, pour qu’il ne pense plus à rien d’autre qu’aux caresses affolantes qu’elle laissait sur sa peau, autant de marques chaudes et vivantes, vibrantes, d’une humanité qui n’était pas encore prête à arrêter d’exister. Un très fin sourire remonta ses lèvres entre-ouvertes alors que les doigts de la blonde s’en prenaient à la ceinture qui maintenait son jean sur ses hanches trop fines et il manqua de sursauter lorsqu’elle remonta ses phalanges sur ses côtes saillantes. Il était aussi maigre qu’elle était faite de courbe, féminité exacerbée et presque vulgaire mais dont il ne se plaignait absolument pas. Il devinait aussi que compte tenu de son attitude, si elle ne voulait pas de cam et ne cherchait pas à le harceler pour en avoir, elle serait partie au petit matin et cela lui convenait parfaitement. Les histoires sérieuses, les relations, ce n’était pas son genre, pas du tout même, depuis le décès de la petite rousse, cette mort qui l’avait poussé à quitter l’Alberta, il ne mangeait plus de ce pain-là. Et puis même, ce n’était pas comme s’il était totalement seul dans cet appartement. Certes, c’était chez lui, il payait le loyer comme il le pouvait, il se débrouillait mais ça ne changeait rien.

Il était cependant trop occupé, à cet instant précis, pour réaliser que sa colocataire de fortune, sa camarade de galère, venait de pousser la porte. Rien, ni le tour de clé, ni le grincement des gonds, ni le craquement de la première latte du parquet, rien ne fut suffisant pour attirer son attention. Il aurait fallu, pourtant, mais non. Il était toujours accaparé par la blonde, à sa merci mais profitant, caressant sa peau et souriant sous ses baisers, envisageant de la faire remonter pour réclamer ses lèvres et accélérer un peu le jeu, commençant à devenir quelque peu impatient, agité.